Before Syos: I tell you about the genesis of the project

Avant Syos : je vous raconte la genèse du projet

Dix ans. Une décennie entière depuis qu'une pile de morceaux de saxophone confus sur mon bureau à Montréal a fait naître une idée folle. Ce devait être un simple post-doc sur l'acoustique, mais les musiciens sont arrivés et tout a changé. Ils ont joué sur mes étranges becs imprimés en 3D, les yeux brillants, et soudain, je ne me contentais plus d'étudier le son - j'étais sur le point de créer quelque chose qui pourrait révolutionner la perception d'un instrument entier. Vous voulez savoir comment une rencontre fortuite avec un pianiste de jazz et une bonne dose de café ont abouti à la création d'une entreprise qui met des becs sur mesure entre les mains de saxophonistes du monde entier ? Attachez votre ceinture, car voici l'histoire de Syos.

Nous sommes en mars 2024 et je me rends compte que ça fait tout juste 10 ans que j’ai commencé à travailler sur Syos.


L’entreprise Syos a officiellement été créée en 2016 mais en fait j’avais commencé à travailler sur le projet 2 ans auparavant. Pour ceux qui ne connaissent pas toute l’histoire je vous raconte !


En 2013 je vais faire un post doctorat à l’université McGill de Montréal. Le but est d’étudier l’influence de la géométrie des becs de saxophone sur le son du saxophone. Je passe quelques mois à faire des simulations acoustiques sur mon ordinateur et au bout d’un moment je me dis que ce qui va nous aider à potentiellement améliorer les becs c’est surtout de mieux comprendre le lien entre la géométrie des becs et le ressenti des musiciens.


Je décide de confronter mes résultats à l’avis des musiciens.


La solution qui s’offre à nous pour être sûr de comparer les mêmes géométries est d’imprimer les becs en 3D. 


J’invite une dizaine de saxophonistes pour une étude sur les résonateurs de tampons et ils sont tous très intrigués par les becs imprimés en 3D qui sont sur mon bureau. Je leur fais donc tester ces becs et ils sont tous très étonnés par ces becs en plastique qui fonctionnent très bien. Plusieurs me demandent où ils peuvent les acheter.


Je suis surprise que ce projet de recherche puisse autant intéresser les musiciens. 


A la fin de mon post-doctorat au Canada j’étais censée aller au Mexique pour un autre post-doctorat de 2 ans sur l’étude de l’acoustique des conques marines. 





Mais pour des raisons personnelles, je dois finalement rentrer à Paris. Gros changements de plans. Cette histoire de becs de saxophone commence à me trotter dans la tête. Je me dis qu’il faut que je creuse cette idée.


Je commence donc à aller boire des cafés, beaucoup de cafés avec des saxophonistes à Paris. Je ne leur parle pas de mon projet mais je leur demande de me raconter leur vie de saxophoniste et surtout de me parler de leurs problèmes.


Suite à tous ces entretiens je me rends compte que les saxophonistes ont des besoins assez précis, en terme de sons et de caractéristiques de jeu, que ces besoins sont très différents d’un musicien à un autre, et surtout qu’ils ont du mal à trouver du matériel, notamment des becs, qui répondent vraiment à leurs besoins.


Tous ces problèmes semblent confirmer mon idée de départ : grâce à l’impression 3D on peut fabriquer un bec unique pour chaque musicien, et en continuant mes recherches sur le lien entre la géométrie du bec et le son perçu par le musicien, je pense qu’on peut, créer un bec répondant exactement aux attentes de chaque musicien !


C’est ainsi qu’est né Syos !


Autre anecdote amusante : un des tous premiers saxophonistes que j’ai rencontré à Paris, après lui avoir raconté que j’avais fait ma thèse à l’Ircam, me dit : “Ah mais j’ai un des mes élèves qui fait sa thèse à l’Ircam, tu devrais le rencontrer !”.


Je contacte donc ce fameux élève et on se donne rendez-vous quelques jours après. Je lui pose une première question sur sa pratique du saxophone, et il me répond qu’il est pianiste ! Cette personne c‘était Maxime. En fait, il était bien élève de ce saxophoniste mais dans des ateliers de jazz… 


A ce moment, il n'en était qu’à la moitié de sa thèse. Mais on a beaucoup parlé de ses recherches sur la perception des sons car c’était un aspect qui m’intéressait beaucoup pour mes recherches sur Syos.


On s’est revu un peu par hasard plusieurs fois au cours de sa thèse puis une dernière fois, début 2016, alors qu’il allait bientôt soutenir. C’est à ce moment qu’on a décidé de s’associer.Quelques mois plus tard nous sommes entrés dans un programme d’accélération de startups qui s'appelait NUMA et on a officiellement créé Syos le 29 août 2016.


Voilà toute l’histoire !