The Rare Double-Lipped Embouchure

La rare embouchure à “double lèvre”

Un regard approfondi sur l’embouchure à double lèvre : son fonctionnement, les raisons de son abandon et ce qu’elle peut révéler sur votre jeu aujourd’hui.

Pour la plupart des saxophonistes et des clarinettistes, l’embouchure à double lèvre est une technique oubliée, ou au mieux un choix peu probable en tant qu’embouchure principale. Et pourtant, pour celles et ceux qui y reviennent, cette approche peut révéler des bénéfices insoupçonnés.

Voyons de plus près en quoi elle consiste, comment elle fonctionne, pourquoi elle est tombée en désuétude… et pourquoi elle mérite toujours d’être explorée en 2025.

Qu’est-ce que l’embouchure à double lèvre ?

Dans l’embouchure standard utilisée par les saxophonistes et clarinettistes :

  • La lèvre inférieure est repliée sur les dents du bas pour amortir l’anche.
  • Les dents supérieures reposent directement sur le bec.

Avec l’embouchure à double lèvre, les deux lèvres — supérieure et inférieure — sont enroulées sur les dents. Ce qui signifie :

  • Aucun contact direct entre les dents et le bec.
  • Les lèvres amortissent à la fois l’anche et le dessus du bec.

Cette embouchure est toujours courante sur les instruments à anche double comme le hautbois ou le basson. Mais pour la clarinette et le saxophone, elle est devenue rare, sans être complètement disparue. Elle était pourtant très utilisée jusqu’au début des années 60, notamment en France, où elle était synonyme d’« embouchure française ».

Pourquoi l’embouchure à double lèvre est-elle tombée en désuétude ?

À partir des années 60, cette technique autrefois largement enseignée dans les conservatoires français a commencé à perdre du terrain. Il n’existe pas une explication unique, mais plusieurs facteurs semblent avoir joué :

  • Endurance et stabilité : L’embouchure simple permet aux dents supérieures de reposer directement sur le bec, ce qui crée un point d’ancrage plus stable. Cela réduit la fatigue et facilite le jeu sur de longues périodes, en particulier en orchestre ou en big band.
  • Projection et puissance : Avec l’évolution des styles musicaux, notamment en jazz et en musique contemporaine, les musiciens ont eu besoin de plus de projection et de clarté. L’embouchure simple facilite l’obtention d’un son plus brillant, plus direct, capable de traverser un ensemble ou de remplir une grande salle.
  • Évolution pédagogique : Avec l’uniformisation des méthodes d’enseignement dans les conservatoires, l’embouchure simple s’est imposée. Jugée plus accessible pour les élèves et plus adaptée à une grande variété de styles, elle est devenue la norme dans la plupart des contextes pédagogiques.
  • Praticité : L’embouchure à double lèvre est physiquement exigeante et demande plus de temps à maîtriser. Elle nécessite un bon contrôle de la lèvre supérieure, et peut devenir inconfortable lors de longues sessions de jeu. Pour beaucoup, l’embouchure simple est une solution plus pratique, avec moins de contraintes physiques.

Mais alors, pourquoi l’adopter ?

Voici quelques raisons pour lesquelles un·e musicien·ne pourrait vouloir tester cette technique :

  • Le son : Elle tend à produire un timbre plus chaud, plus mat, même si elle offre généralement moins de projection ou de brillance que l’embouchure simple.
  • Le confort : En supprimant le contact entre les dents et le bec, elle réduit les vibrations transmises aux dents, ce que certains trouvent plus confortable.
  • Le contrôle : Cette approche mobilise davantage les muscles, notamment au niveau de la lèvre supérieure. Pour beaucoup, cela favorise un son plus naturel, plus résonant.
  • Compensation et pression : L’embouchure à double lèvre peut vous en dire long sur vos habitudes de jeu, notamment en matière de compensation ou de pression. On ne devrait pas mordre en jouant, mais ce n’est pas toujours évident à détecter. Si vous placez votre lèvre supérieure sur vos dents et que cela vous fait mal, c’est que vous mordez. Pratiquer en double lèvre permet de le comprendre très clairement.
  • Voicing et soutien : Elle encourage un meilleur voicing et un bon soutien de l’air, en vous forçant à laisser ces éléments faire leur travail. En ce sens, c’est un peu comme un sérum de vérité. Elle révèle les tensions inutiles et vous guide vers une embouchure plus intentionnelle et plus efficace.

Pour conclure

Le clarinettiste Al Gallodoro disait : « Je préfère avoir une seule lèvre douloureuse que deux », et on comprend pourquoi. Mais revisiter cette ancienne approche peut être très enrichissant. Elle permet de questionner certaines habitudes acquises avec l’embouchure simple, et de redécouvrir son jeu sous un nouvel angle. Le point de vue du saxophoniste ténor JD Allen nous a particulièrement parlé :

« Je pense que les musiciens doivent jouer avec l’embouchure qui leur convient le mieux. L’objectif artistique doit déterminer le choix. Si votre priorité est la technique pure, une embouchure simple est peut-être idéale. Mais si vous êtes attiré par une palette sonore plus large, l’embouchure double offre plus de richesse. Pour moi, l’embouchure simple est plus raffinée, alors que l’embouchure double permet plus de variété expressive. C’est un peu comme visiter un musée et découvrir l’art d’Europe et celui d’Afrique : deux beautés différentes, nées d’intentions différentes. À chacun de choisir comment raconter son histoire. »

Parfois, il faut regarder en arrière pour mieux avancer. Et cette technique en est un parfait exemple.

Et si vous explorez de nouvelles embouchures, n’oubliez pas que le choix du bec est essentiel. Chez Syos, nos modèles sur-mesure et nos collections standards sont conçus pour s’adapter à une grande diversité de styles de jeu, y compris ceux qui expérimentent différentes techniques d’embouchure. Que vous perfectionniez votre configuration actuelle ou que vous exploriez des approches oubliées comme la double lèvre, le bon bec peut vraiment révéler tout votre potentiel sonore.

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